(IP) - Le président du parlement tunisien suspendu a décrit les actions du président tunisien comme un renouveau d'expériences ratées et a déclaré: "La Tunisie évolue vers la dictature et l'isolement".

Iran Press/Afrique: Le président du parlement tunisien suspendu, Rached Ghannouchi qui dirige également le parti Ennahdha a souligné: "Le président tunisien, Kaïs Saïed veut que la Tunisie soit un pays sans partis. En Tunisie, il y a une seule voix, qui est celle du président, et le gouvernement est entre les mains de quelqu'un qui le dirige à sa guise. Il vote la loi, abroge la constitution, renverse le gouvernement et dissout le parlement pour qu'il gouverne sur tout."

L'avertissement de Rached Ghannouchi concernant l'évolution de la Tunisie vers la dictature est logique compte tenu des récents développements dans le pays. La Tunisie connaît une crise politique depuis le 25 juillet 2021. Dans un geste inattendu, Kaïs Saïed a renversé le parlement et a évincé Rached Ghannouchi ainsi que le Premier ministre, et a pris le contrôle des affaires. La décision du président tunisien a été prise sous prétexte de l'échec du premier ministre et du gouvernement de la Tunisie dans l'amélioration des conditions économiques et la lutte efficac contre l'épidémie de covid-19.

Cette décision a déclenché des tensions sans précédent en Tunisie et pourrait être considérée comme la plus grande crise politique en Tunisie depuis que le mouvement populaire de 2011 a conduit à l'limogeage du l'ex-président tunisien Ben Ali. Les mouvements de Kaïs Saïed, qui ont fait suite à des mois de tensions politiques dans ce petit pays d'Afrique du Nord, ont provoqué de nombreuses réactions négatives à l'intérieur de la Tunisie de la part des citoyens et des partis de ce petit pays d'Afrique du Nord.

"Les décisions annoncées par le président de la Tunisie sont un coup d'Etat contre les institutions gouvernementales, la constitution et la révolution du peuple tunisien", a déclaré Ali al-Arid, le chef adjoint du parti Ennahda.

Ces derniers mois, Kaïs Saïed a pris diverses mesures pour consolider son autorité et affaiblir l'opposition. Il entend désormais modifier la constitution du pays, qui répartit le pouvoir entre le président, le premier ministre et le parlement tunisien. Le président tunisien estime que le dilemme politique en Tunisie est dû à la constitution adoptée en 2014 et cette loi n'est plus valable.

Il a récemment annoncé la prolongation de la suspension du parlement tunisien, en affirmant qu'un référendum national sur les amendements constitutionnels se tiendrait en Tunisie le 7 juillet et des élections législatives le 7 décembre.

L'insistance de Kaïs Saïed à changer la constitution tunisienne intervient alors que certains partis politiques, dont Al-Nahda, Al-Jumhuri, Al-Taktal, Afaq, Amal et Al-Tiar Al-Miqrati, s'opposent à tout changement constitutionnel. Ces partis tunisiens ont appelé leur président à respecter ses engagements envers le peuple tunisien et à respecter la constitution et le serment qu'il a prêté avant de prendre ses fonctions.

Les parties tunisiennes ont également condamné les attaques répétées contre les droits et libertés fondamentaux, y compris le droit à la liberté d'expression et le jugement des civils devant des tribunaux militaires, et ont blâmé Kaïs Saïed pour les attaques et ont appelé à y mettre immédiatement fin.

Parallèlement, diverses manifestations ont eu lieu ces derniers jours contre les actions du président tunisien. La somme de ces développements, l'opposition interne croissante du peuple et des partis tunisiens, ainsi que la mise en garde de Rached Ghannouchi montrent que si les actions du président tunisien se poursuivent, la Tunisie va augmenter tensions internes et instabilité.

En effet, dix ans après le mouvement populaire de 2011 en Tunisie, non seulement il n'y a pas eu de stabilité politique dans le pays, mais la démocratie et les aspirations économiques, sociales et politiques du peuple tunisien se sont estompées dans l'ombre des luttes de pouvoir.

417