Présidentielles françaises :

Cinq ans après, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouvent mercredi sur un plateau télévisé pour un débat d’entre deux tour, rendez-vous incontournable des présidentielles françaises.

Iran Press/ Le Monde

En 2017, la candidate d’extrême droite avait sombré. Cette fois, elle s’est préparée, face au Président sortant qui, lui, devra défendre son bilan.

Les deux adversaires ne prennent pas ce rendez-vous à la légère et s’y sont préparés jusqu’au dernier moment. A quatre jour d’un deuxième tour beaucoup plus serré qu’en 2017, même si les sondages donnent régulièrement Emmanuel Macron vainqueur entre 53 et 56%, le débat peut avoir des conséquences importantes.

Deux visions du monde s’affrontent entre le pro-européen Emmanuel Macron et sa rival d’extrême droite Marine Le Pen qui permet de réduire les «pouvoirs » de l’UE au profit des « nations » mais doit aussi répondre de sa proximité passé avec la Russie de Vladimir Poutine.

La relation privilégiée de la candidate à la présidentielle française avec le maître du Kremlin risque fort de s’inviter au débat télévisé de l’entre deux tours aujourd’hui mercredi, même si Marine Le Pen en minimise la portée depuis le début de l’intervention russe en Ukraine le 24 février.

Pendant la campagne, les deux adversaires se sont jusque-là affrontés à distance, se rendant coup pour coup.

Mme Le Pen, a accusé à plusieurs reprises son adversaire de « brutalité » et à fustigé la « vacuité de son projet ».

Emmanuel Macron a pour sa part attaqué sa rivale sur la « radicalité » de son programme, dissimulée derrière une « banalisation » de l’extrême droite et l’image rencontrée de Mme Le Pen.

Dans cette dernière ligne droite, les deux candidats s'efforcent aussi de séduire les partisans du leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au premier tour avec près de 22% des voix, et qui a exhorté ses partisans à ne pas accorder «d’une seule voix » à la candidate d’extrême droite, sans pour autant appeler à voter M.Macron. 

Présidentielle en France : quelles seront les conséquences pour l’avenir de l’Union européenne ?

Macron se montre partisan de l'Union européenne et opposé à la montée des populismes, et en a fait un pilier central de sa diplomatie pendant cinq ans et une solution aux problèmes de la France.

Il veut saisir l'opportunité de la présidence de l'UE pour réformer l'espace Schengen dans le but de renforcer les frontières extérieures du bloc, d'harmoniser les lois sur l'asile et le soutien aux migrants et réfugiés.

En revanche, Le Pen, contrairement à 2017, où elle soutenait la question de la sortie de l'euro et de l'Union européenne, veut rester dans l’UE pour cette élection afin de "la réformer depuis l'intérieur", pour reprendre ses mots.

La suprématie du droit national sur le droit européen est l'une des politiques à adopter, a promis Le Pen si elle remporte les élections ; Une politique que les opposants à Le Pen interprètent comme « Frexit ».

Le Pen accuse également le président sortant de ne pas défendre les intérêts de la France face à l'Allemagne et souligne sa volonté de rompre tous les accords de coopération militaro-industriels avec le pays conclus depuis 2017 ; D'autre part, elle veut renforcer les relations bilatérales dans les domaines de l'éducation et de la culture avec l'Allemagne.

Le Pen affirme également qu'elle veut réduire la contribution de la France au budget européen de cinq milliards d'euros et a décidé de limiter les pouvoirs de la Commission européenne.

S’agissant de l'espace Schengen, elle ne veut plus le quitter, mais entend rétablir des contrôles temporaires aux frontières afin que d'autres membres puissent être contraints de négocier un nouveau traité.

Perspectives d'immigration en France

Selon les informations disponibles, la question de l'immigration en France n'a jamais été aussi importante que sous le quinquennat de Macron, et en moyenne entre 2017 et 2021, 255 675 titres de séjour ont été délivrés chaque année à des immigrés non européens.

Selon Macron, l'immigration est une chance, et l'actuel président défend régulièrement la tradition française, ainsi que le droit d'asile.

Cependant, il estime que le système français d'immigration doit être repensé et considère que les mesures d'expulsion des clandestins vers les frontières sont inefficaces.

Pour augmenter le nombre des expulsions, Macron entend que le projet de refus d'asile soit systématiquement accompagné de l'obligation de quitter le territoire français.

Par ailleurs, Macron veut revoir les conditions d'obtention des titres de séjour de plus de quatre ans, les soumettant à un test de langue française et le processus proprement dit d'insertion professionnelle ; La mise en place de cette politique accélère le processus d'examen des candidatures, mais le refus s'accompagne automatiquement d'un simple mode de rejet.

Il entend également poursuivre sa politique de sanctions contre les pays qui refusent de renvoyer leurs citoyens.

Le Pen, cependant, a fait de l'arrêt de l'immigration un axe central de son programme, limitant l'accès à la citoyenneté française à la citoyenneté basée sur des critères d'éligibilité.

Elle veut aussi traiter les demandes d'asile uniquement depuis l'étranger et promet d'expulser systématiquement les clandestins, les criminels et délinquants étrangers.

Selon sa politique, toute personne ayant la nationalité française aura un avantage sur un étranger, surtout pour avoir accès à un logement ou à un travail.

Le Pen entend inscrire sa politique d'immigration dans la constitution française en organisant un référendum innovant.

Elle réserve les allocations familiales exclusivement aux Français […]. Les prestations de solidarité doivent pouvoir être obtenues par des étrangers s’ils peuvent prouver cinq ans d’équivalent – temps plein en France. »

Le Pen a également promis de révoquer les titres de séjour et l'aide médicale gouvernementale pour tout étranger qui n'a pas travaillé en France depuis un an.

la Russie et la guerre d'Ukraine ; Talon d'Achille des candidats ?

 

Macron a oscillé pendant des semaines entre une rude confrontation avec Moscou et le maintien des pourparlers avec son homologue russe Vladimir Poutine sur l'Ukraine. Et cela a créé un grand fossé entre lui et les Français, provoquant de nombreuses critiques contre lui.

En Ukraine, la guerre a donné naissance à de nouveaux mots dans la langue ukrainienne dont « Macroner » un verbe très peu flatteur pour le président de la République française.

« Macronete », ce verbe ukrainien plein d'ironie que l'on peut donc traduire par « Macroner », signifie « se montrer très inquiet d'une situation, mais ne rien faire, en fait ».

Le candidat président a affirmé qu’il « n’utiliserait pas » les termes de Joe Biden, qui a traité Vladimir Poutine de « boucher », en estimant qu’il ne fallait pas être « dans l’escalade ni des mots ni des actions » dans la guerre en Ukraine.

« Je n’utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine », a déclaré Emmanuel Macron.

Face au dossier ukrainien, il appelle à une enquête internationale.

Il a également appelé l'Europe à réduire sa dépendance à l'énergie russe et, à cette fin, a soutenu le développement de l'énergie nucléaire en France.

De l'autre côté du duel électoral français, Le Pen a annoncé qu’elle était prête à livrer des « équipements de défense » c'est-à-dire des armes non létales à l'Ukraine ; Mais pas les armes lourdes qui, selon elle, mettent la France « en guerre » avec la Russie aux côtés des Ukrainiens.

Elle avait été accueillie par Vladimir Poutine lors de la campagne électorale de 2017, et sur la question de la Crimée en 2014, elle avait annoncé qu'il n'y avait pas eu d'invasion russe de la région et que les habitants de la Crimée se considéraient eux-mêmes comme des Russes.

Le Pen rembourse également son prêt de 9,4 millions d'euros à la Russie ; Le prêt qu'elle a reçu lors de l'élection précédente pour financer sa campagne électorale. « C’était à cause de la non-coopération des banques françaises en matière de prêt », soutient-elle.

Pour les élections de cette année, elle a également reçu un prêt de 10,6 millions de roupies d'une banque hongroise, ce qui a également suscité des critiques. Pour les commentateurs la Russie est derrière le prêt.

Au cours de la campagne 2022, elle a corrigé certaines de ses déclarations sur Poutine et a retiré à ce stade son offre d'un accord militaire avec Moscou.

La candidate du RN (Rassemblement national) à la présidentielle, a évoqué lundi des « crimes de guerre » en Ukraine après la découverte de centaines de corps de civils dans la région de Kiev, notamment à Boutcha.

L’Islam dans l’optique d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen : choisir entre la peste et le choléra

Il n'y a pas de statistiques exactes sur le nombre de musulmans en France, mais la population de cette minorité religieuse est estimée à plus de 5,7 millions dans ce pays européen, et donc les musulmans, qui sont les plus nombreux adeptes d'une religion en France après les chrétiens comptent au moins huit pour cent de la population du pays.

La candidate populiste française, comme elle a répété à plusieurs reprises, a souligné sa volonté d'une interdiction totale du port du hijab dans les espaces publics français.

Le Pen a également présenté en février dernier un projet de loi visant à combattre les idéologies islamistes, affirmant qu'il appliquerait la loi en imposant des amendes si elle était adoptée.

D'un autre côté, bien que Macron ait imposé des restrictions étendues et sans précédent aux musulmans français pendant sa présidence, il a estimé que la politique de Le Pen était contraire au principe de laïcité dans le pays.

Selon Macron, si Le Pen interdit le hijab, il doit aussi interdire les autres symboles religieux, dont la croix et le Yarmalek (vêtement juif).

Macron insiste sur la nécessité de mettre en œuvre l'esprit de la loi de laïcité de 1905, et promet en même temps la liberté religieuse.

Le président-candidat a assuré qu’il ne changerait pas la loi en vigueur, qui dit « pas de voile dans les services publics, pas de voile à l’école, au collège et au lycée avec des mineurs. Pour le reste, la société est une société libre ».

Il convient toutefois de noter que le 9 décembre 2019, le conseil des ministres d’Emmanuel Macron a soumis au parlement un projet de loi visant à imposer davantage de restrictions aux musulmans et à interdire des signes religieux pour les accompagnateurs de sorties scolaires. Une décision qui frapperait en premier lieu les mères voilées.

Le gouvernement Macron a également adopté et mis en œuvre un document appelé la « Charte des principes de l’Islam » pour mieux superviser les activités des groupes islamiques, au cours de laquelle le Conseil musulman français a été dissous en tant qu'organisation nationale des associations islamiques du pays.

 Selon ce document, tous les groupes islamiques doivent accepter ce document et à y adhérer afin de poursuivre leurs activités.

Que proposent Emmanuel Macron et Marine Le Pen sur l'Otan ?

Le président-candidat et la candidate du RN campent sur des positions opposées au sujet de l'Alliance transatlantique.

Emmanuel Macron était l'un des rares candidats à vouloir rester dans le commandement intégré, quand Marine Le Pen défend fermement une sortie dès la fin de la guerre.

 

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