Au moins 42 personnes, dont 17 civils et 25 militaires, ont perdu la vie dans les incendies qui ravagent le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, ont indiqué, mardi 10 août, les autorités, évoquant des feux "d'origine criminelle" attisés par un épisode de canicule.
Les incendies, qui ont débuté lundi soir, ont tué 17 civils à Tizi Ouzou et Sétif, selon un nouveau bilan annoncé par le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, dans la soirée.
Le président Abdelmadjid Tebboune a lui déploré sur Twitter la mort de 25 militaires qui tentaient d'éteindre les incendies, présentant ses condoléances aux familles des victimes.
"C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la mort en martyrs de 25 militaires après qu'ils aient réussi à secourir plus d'une centaine de citoyens des flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou", a écrit le président.
Le ministère de la Défense nationale a précisé que 14 autres militaires souffraient de brûlures à différents degrés. Leur intervention a "permis de sauver des flammes 110 citoyens : hommes, femmes et enfants", ajoute le ministère dans un communiqué.
Des villages prisonniers des flammes
Des images impressionnantes des incendies circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages encerclés par la fumée tandis que les collines alentours rougeoient.
Près de Tizi Ouzou, un homme blessé, couvert de bandages, marche dans une rue le crâne couvert de cendres, d'autres sont portés sur des brancards, a constaté un photographe de l'AFP
Des appels circulent sur les réseaux sociaux comme Instagram pour fournir des bandages, du tulle gras ou encore de la crème pour les brûlures à des hôpitaux ou centres de crise à court de matériel.
Des vents propagent les feux et compliquent la tâche des secouristes, a, par ailleurs, précisé Youcef Ould Mohamed, le conservateur local des forêts, cité par l'APS.
Une cinquantaine d'incendies "d'origine criminelle" et attisés par un épisode de canicule ont débuté, lundi soir en Algérie, notamment en Kabylie, selon le ministre de l'Intérieur Kamel Beldjoud, qui s'est rendu accompagné d'une délégation ministérielle à Tizi Ouzou, l'une des villes les plus peuplées de la région.
"Cinquante départs de feu en même temps, c'est impossible. Ces incendies sont d'origine criminelle ", a affirmé Kamel Beldjoud.
Selon le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, plus de 70 incendies ont éclaté dans 18 wilayas (préfectures) du nord du pays. La protection civile a, elle, fait état d'une centaine de feux dans 16 wilayas.
Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Béjaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Médéa, Tébessa, Blida et Skikda sont également touchées par des incendies, a indiqué sur Twitter la direction générale de la protection civile.
Près de 44 000 hectares de forêts partis en fumée en 2020
La radio publique algérienne a annoncé mardi l'arrestation de trois "pyromanes" à Médéa, dans le nord où un incendie s'est aussi déclaré. Ces incendies surviennent alors que l'Algérie connaît un été caniculaire, marqué par une raréfaction de l'eau dans le pays. Les services météorologiques prévoient, mardi, des températures allant jusqu'à 46°C.
Lors d'un Conseil des ministres tenu le 25 juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné d'élaborer un projet de loi punissant sévèrement les auteurs d'incendies criminels de forêts, avec des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme, voire la perpétuité si l'incendie a causé la mort d'individus.
Début juillet, trois personnes soupçonnées d'être impliquées dans des incendies ayant ravagé 1 500 hectares de forêts dans le massif des Aurès (nord-est de l'Algérie) ont été arrêtées.
Pays le plus étendu d'Afrique, l'Algérie ne compte que 4,1 millions d'hectares de forêts, avec un maigre taux de reboisement de 1,76 %.
Chaque année, le pays est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44 000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d'incendies criminels.
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