Exit le visage sombre et l’attitude silencieuse qui ont marqué sa comparution devant la Cour pénale de New York, en après-midi. C’est un Donald Trump à nouveau combatif et à la rancoeur toujours animée par ses propres théories complotistes qui a pris la parole mardi soir, depuis sa résidence privée de Mar-a-Lago, dans la foulée de son arrestation et de sa mise en accusation par la justice de Manhattan.

Iran Press/ Le Monde: « Je n’aurais jamais imaginé cela possible en Amérique », a lancé l’ex-président américain, en ouverture d’une allocution aussi attendue que son arrivée dans les bureaux du procureur du district de Manhattan plus tôt dans la journée mardi. Il a pris la parole depuis la Floride, où il était de retour après 24 heures passées à New York. « Le seul crime que j’ai commis, c’est d’avoir défendu sans peur notre nation face à ceux qui cherchent à la détruire. »

En substance, le populiste a qualifié « d’insulte » à cette même nation, les accusations auxquelles il doit désormais faire face, réitérant au passage sa ligne de défense : des dizaines « d’experts juridiques affirment qu’il n’y a pas de cas » et qu’il n’a « rien fait d’illégal ».

Déféré devant le juge Juan Merchan, mardi après-midi, Donald Trump a été officiellement accusé d’avoir cherché à dissimuler de potentiels scandales sexuels et personnels, durant sa campagne présidentielle de 2016, et ce, en falsifiant des documents commerciaux. Même s’il s’agit de la deuxième arrestation d’un président américain — Ulysses S. Grant a été le premier en 1872 pour excès de vitesse à cheval dans les rues de Washington —, les accusations au pénal déposées contre un ex-occupant de la Maison-Blanche constituent une première aux États-Unis.

« Nous assumons aujourd’hui notre responsabilité de veiller à ce que tout le monde soit égal devant la loi », a résumé le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, lors de sa conférence de presse tenue après la mise en examen de Donald Trump. « Aucune somme d’argent, aucune quantité de pouvoir ne change ce principe américain fondamental. »

Le populiste fait ainsi face à 34 chefs d’accusation. La prochaine audience devant le juge a été fixée en décembre prochain, pour un procès qui pourrait s’ouvrir en janvier 2024, quelques semaines avant le début des primaires républicaines en vue de la prochaine présidentielle. Trump mène actuellement dans cette course.

Selon les documents judiciaires dévoilés dans la foulée de la mise en accusation du milliardaire, Trump aurait orchestré des versements de pots-de-vin à trois personnes, dont un portier de la Trump Tower de New York qui clamait avoir la preuve de l’existence d’un enfant de Donald Trump né hors mariage, mais également l’actrice porno Stormy Daniels et la playmate Karen McDougal, pour acheter leur silence sur des relations adultères qu’il aurait eues avec.

L’ex-président a plaidé non coupable à l’ensemble de ces accusations.

« Ingérence électorale massive »

Depuis la Floride, le républicain a cherché à discréditer le juge Merchan, chargé de piloter sa mise en accusation. « J’ai un juge qui déteste Trump avec une femme et une famille qui détestent Trump dont la fille travaillait pour Kamala Harris », a-t-il dit.

Dans les faits, Loren Merchan, fille du juge, a travaillé sur des stratégies de campagnes numériques pour Joe Biden et Kamala Harris en 2020, rien toutefois de convainquant selon plusieurs experts en éthique judiciaire pour justifier une récusation du magistrat, comme l’a réclamé plus tôt mardi Donald Trump.

En terre conquise à Mar-a-Lago, devant plusieurs membres de sa famille, une centaine d’invités, mais également des figures fortes de son mouvement Make America Great Again (MAGA), dont le stratège politique de la droite radicale Roger Stone ou la représentante de la Géorgie Marjorie Taylor-Greene, Donald Trump s’est toutefois retenu d’appeler ses partisans à une mobilisation forte pour contrecarrer sa mise en accusation ou rejouer un scénario à la « 6 janvier 2021 ». Cette journée-là, il avait lancé ses partisans contre le Congrès dans une insurrection visant à renverser les résultats de la présidentielle pour se maintenir au pouvoir. Une commission d’enquête a recommandé que des accusations criminelles soient retenues contre lui.

Durant sa comparution, le juge Merchan lui a d’ailleurs demandé de s’abstenir de tenir des propos qui pourraient enflammer ou provoquer des troubles civils, et ce, alors que le populiste a invité ces troupes à « protester, protester, protester », contre une mise en accusation dont il avait clamé l’existence plusieurs jours avant qu’elle ne soit officialisée par la justice de New York.

Sur son réseau social, il s’est aussi montré en mars dernier, dans une posture violente, batte de baseball en main, à côté de la photo du procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg qui mène actuellement la charge judiciaire contre lui.

Une charge qualifiée d’« ingérence électorale massive », par Donald Trump devant ses fidèles en Floride, mardi soir, a qui il a lancé : « Comme ils [les démocrates] n’arrivent pas à nous battre par les urnes, ils cherchent à le faire par la justice ».

Rappelons qu’en 2020, Trump a perdu son siège à la Maison-Blanche avec un retard de 7,05 millions de voix sur son opposant Joe Biden. Malgré ses nombreuses allégations de fraudes électorales et de bourrage d’urnes, aucune enquête ni recomptage, y compris dans les États sous contrôle républicain, n’ont réussi à en apporter la preuve.

Cependant, en Géorgie, Donald Trump fait face à une enquête judiciaire qui pourrait déboucher sur une autre mise en accusation du populiste, et ce, pour avoir fait pression sur des responsables locaux des élections. Il cherchait à faire apparaître des voix à son avantage pour s’accorder une victoire qu’il n’a pas eue dans cet État du sud, acquis par les démocrates.

 

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