Iran Press/ Le Monde: Pour la première fois en deux semaines, l’opposition kényane ne manifestera pas ce lundi. Le dirigeant de l’opposition kényane, Raila Odinga, a appelé le 2 avril à annuler les manifestations prévues, annonçant que son parti allait participer à un dialogue avec le gouvernement. Trois personnes sont décédées au cours des précédents rassemblements, qui visaient notamment à protester contre l’inaction du gouvernement face à l’inflation (9,2 % sur un an en février, avec 13,3 % pour les seuls prix alimentaires).
« Nous voulons souligner que les droits de se rassembler, de manifester, protester et s’exprimer sont imprescriptibles comme le prévoit notre Constitution », a déclaré à la presse celui qui est à la tête de la coalition.
Odinga a organisé depuis le 20 mars des manifestations bihebdomadaires, le lundi et le jeudi, accusant le président William Ruto d’avoir « volé » la présidentielle d’août 2022 – les résultats de celle-ci ont été validés par la Cour suprême –, mais aussi d’être incapable de juguler la flambée des prix. Ces rassemblements ont été interdits par la police.
Cette annonce survient après un appel au calme lancé plus tôt dans la soirée de dimanche par le chef de l’État. De State House, le palais présidentiel, William Ruto a exhorté l’opposition à annuler cette manifestation – la quatrième prévue depuis le 20 mars – et à préférer le Parlement à la rue en participant à une commission parlementaire bipartite.
« Je demande à mon frère Raila Odinga, et à l’opposition, d’annuler les manifestations et de donner à cette approche bipartite une chance de nous permettre de faire avancer le pays », a-t-il dit, exhortant ses compatriotes à rester pacifiques et à respecter la loi.
Selon le président kényan, une commission parlementaire bipartite pourrait explorer les possibilités de réviser le code électoral. Il a toutefois exclu toute alliance avec son rival. Raila Odinga a salué « le rameau d’olivier » présenté par Ruto, mais averti que les manifestations pourraient reprendre « au bout d’une semaine » s’il n’y avait aucun progrès.
Trois personnes, dont un policier, sont mortes pendant les manifestations, également marquées par des pillages et du vandalisme. Selon le Media Council of Kenya, qui défend les droits de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Est, « 25 cas d’agressions contre des journalistes locaux et étrangers » travaillant pour des « acteurs étatiques et non étatiques » ont été recensés depuis le début des manifestations.
À la fin de mars, l’Union africaine a appelé « au calme et à entamer un dialogue », à l’instar du Royaume-Uni et d’autres pays. Les États-Unis se sont dit, le 31 mars, « profondément préoccupés ». Outre la communauté internationale, les chefs religieux aussi craignent que la situation ne dégénère en violences ethniques telles que celles observées après les élections de 2007-2008, qui avaient fait plus de 1 100 morts.
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