Fuir ou mourir :

"J’ai toujours fui, mais c’est la première fois que je suis blessée de guerre", les combats se sont intensifiés ces derniers jours entre d’un côté, les forces armées congolaises, et les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise de l’autre.

Iran Press/ Le Monde: Admise depuis mercredi dernier à l’hôpital Bethesda de Goma, dans l’est du Congo, Mwamini Furaha avait peur de perdre son bras après avoir été touchée par des éclats d’une bombe qui est tombée sur sa maison à Sake, une ville à une vingtaine de kilomètres de Goma.

La capitale provinciale du Nord-Kivu est encerclée au nord et à l’ouest par les forces du M23, accusées d’être soutenues par le Rwanda.

"Il y avait beaucoup de détonations dans les collines. La bombe est tombée sur ma maison lorsque j'emballais les affaires pour fuir et les éclats m’ont blessé le bras droit", témoigne-t-elle, pansement sur le bras touché. Cette veuve de 60 ans affirme qu’elle n’a aucune nouvelle de ses deux petits-fils qui habitaient avec elle depuis cet incident. 

Dans cet hôpital, le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) dit avoir reçu 58 personnes blessées par armes le 07 février dernier, et les chiffres ne cessent d’augmenter. Les hôpitaux se retrouvent débordés.

Dans un communiqué le CICR a rappelé "qu’en vertu du droit international humanitaire, les personnes civiles doivent être protégées et respectées" et que "lors de la conduite des hostilités, toutes les précautions pratiquement possibles doivent être prises pour minimiser les pertes de vies civiles et les dommages causés sur les biens civils".

Fuir ou mourir

"Six personnes sont mortes et une autre est décédée très vite en arrivant. Deux des décès étaient des enfants de moins de 5 ans uniquement pour la journée du 07 février. Le 08 février nous avons reçu 10 autres blessés dont 8 de Sake", déclare le CICR à la RTBF ce samedi par l’équipe chirurgicale à l’hôpital Bethesda.

"Le M23 tente d’entrer à Sake, les détonations se font entendre comme vous n’avez pas idée, il y a beaucoup de personnes blessées par les explosions", explique Jean Semakoma, père de famille qui a trouvé refuge dans le camp de Bulengo, situé dans un quartier de la banlieue de Goma.

Dans la panique, des habitants abandonnent tout et la ville de Goma reste le seul lieu de refuge. Matelas sur la tête et avec des bétails accrochés aux cordes des milliers de civils ont fui Sake suite aux détonations dans les collines et aux bombardements qui touchent la ville.

"J’ai vu beaucoup de personnes blessées, nous sommes contraints de fuir pour ne pas subir le même sort", ajoute Jean, interrogé par la RTBF. À 46 ans, il a fui avec sa femme, ses cinq enfants et d’autres membres de sa famille.

Rester serein

Mais Goma et ses deux millions d’habitants restent aussi sous la menace et les principales voies d’approvisionnement à l’ouest et au nord sont coupées par les rebelles. En visite vendredi après-midi dans la ville, le vice-premier ministre Congolais et ministre de la Défense Jean-Pierre Bemba, a tenu à rassurer : "que la population soit sereine".

"Le chef de l'État ne dort pas, jour et nuit il suit la situation", a déclaré Jean-Pierre Bemba avant d’insister que "tout est mis en œuvre pour que Sake et Goma ne tombent pas" entre les mains du M23, qui lui de son côté souligne qu’il n’a pas l’intention de prendre Goma.

Une déclaration loin de rassurer les habitants de Goma qui ont vu trois bombes tombées dans la ville en l’espace d’une semaine, causant quelques blessés et des dégâts matériels.

"Le gouvernement tâtonne, le président ne sait pas protéger Goma, tout comme il ne sait pas récupérer tous les territoires conquis par le M23 depuis 2022, c’est grave", s’insurge un habitant de Goma.

Pour en venir à bout de la rébellion du M23 accusée notamment par l’ONU d’être auteure des violences dans les zones qu’elle contrôle, le gouvernement congolais a fait appel à des sociétés militaires privées est-européennes ainsi qu’à la force de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) pour venir en soutien aux forces armées congolaises appuyées par des groupes armés locaux qui combattaient jadis la République.

 

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