(IP) - L'ambassadeur et représentant permanent de la République islamique d'Iran auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU) a vivement critiqué le Royaume-Uni pour avoir invité l'Ukraine à la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le plan d'action global commun (PAGC).

Iran Presse/Amérique: L'ambassadeur et représentant permanent de la République islamique d'Iran, Amir Saeid Iravani a déclaré que le Royaume-Uni essaie de détourner l'attention de la mise en œuvre de ses engagements vis-à-vis du plan d'action global commun (PAGC).

"Nous nous opposons fermement à ce que la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies adresse une invitation à un État membre qui n'a aucun rapport direct ou indirect avec le point de l'ordre du jour de cette réunion", a annoncé l'ambassadeur et représentant permanent de la République islamique d'Iran lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le texte intégral du discours d'Amir Saeid Iravani est le suivant :

Au Nom de Dieu, le Miséricordieux, le Miséricordieux.

Madame la présidente, Excellences,

Tout d'abord, nous voudrions annoncer clairement et officiellement notre position concernant la participation du représentant de l'Ukraine à la séance d'aujourd'hui, au titre du point de l'ordre du jour relatif à la non-prolifération, et en se concentrant sur la mise en œuvre du plan d'action global commun (PAGC).

Nous nous opposons fermement à ce que la la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies adresse une invitation à un État membre qui n'a aucun rapport direct ou indirect avec le point de l'ordre du jour de cette réunion. Nous percevons cette action comme ni constructive ni de bonne foi. Au lieu de cela, cela semble être une tentative cynique de détourner l'attention de la question urgente en cours - la mise en œuvre du JCPOA - et le manquement de certaines parties occidentales à remplir leurs engagements en vertu de l'accord.

Permettez-moi d'être clair, cette réunion et la résolution 2231 (2015) n'ont absolument aucun lien avec le conflit en Ukraine. L'invitation adressée au représentant de l'Ukraine pour cette réunion constitue un abus de procédure et un abus de la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, au service des agendas politiques de certains États. De plus, cette action contredit de manière flagrante les pratiques établies du Conseil de sécurité des Nations unies et son règlement intérieur provisoire et va à l'encontre des principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

L'Iran rejette catégoriquement les allégations infondées de l'Ukraine. L'Iran maintient sa position impartiale sur le conflit ukrainien. Nous avons patiemment attendu les preuves alléguées de l'Ukraine, suite à la rencontre préliminaire entre les experts iraniens et ukrainiens. Si l'intention est vraiment d'aborder et de résoudre le problème en question, il est crucial de s'abstenir d'employer des mesures illégales et politiquement motivées. Au lieu de cela, la demande de l'Iran devrait être reconnue et traitée sérieusement de manière constructive.

L'utilisation de soi-disant "documents" contenant des photos incohérentes et des informations de "code source ouvert" douteuses, et l'abus des procédures de l'ONU pour les publier comme preuve de violations présumées, comme l'ont fait l'Ukraine et le Royaume-Uni, est non professionnelle, trompeuse et non constructive .

Je dois réitérer une fois de plus que la demande répétée adressée au Secrétariat de mener la soi-disant "enquête" est dépourvue de fondement juridique. Ni la résolution 2231 ni la Note 44 pertinente du président du Conseil de sécurité (S/2016/44) n'autorisent un tel mandat illégal. Toute constatation ou conclusion du Secrétariat basée sur une telle activité illégale est nulle et vide.

Il est bien évident que certains membres du Conseil de sécurité tentent délibérément de détourner l'attention internationale des causes profondes de la situation actuelle concernant la mise en œuvre du PAGC et des violations matérielles continues de la résolution 2231 par les américains depuis leur retrait illégitime de l'accord en 2018.

Par conséquent, nous déclarons fermement que nous ne reconnaissons pas la présence de l'Ukraine à cette réunion, et nous n'avons pas l'intention de répondre aux allégations sans fondement avancées par le représentant de l'Ukraine ou de certains États membres contre mon pays lors de cette réunion concernant le conflit en cours en Ukraine.

Ayant clarifié notre position sur la question, je voudrais maintenant aborder la question de fond relative au point de l'ordre du jour, à savoir la mise en œuvre du PAGC.

Madame la présidente, Excellences,

Nous remercions Mme Di-Carlo, la secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, et l'Ambassadeur de Malte, Frazier, pour leurs exposés.

Je voudrais commencer par une expression du secrétaire général qui a décrit le PAGC comme la meilleure option disponible, dans son rapport. C'est pourquoi aujourd'hui, les membres du Conseil de sécurité réaffirment sans relâche leur soutien résolu au rétablissement du PAGC et ont appelé à sa pleine mise en œuvre par toutes les parties comme seule ligne de conduite viable.

Nous sommes d'avis que même si le plan d'action global commun n'a peut-être pas été parfait et impeccable, c'était sans aucun doute l'option la plus viable à l'époque compte tenu des circonstances, et il continue d'être le choix optimal et précieux parmi les options disponibles.

Madame la présidente,

Malheureusement, certains membres du conseil de sécurité, notamment les américains, ont choisi de fermer les yeux sur la réalité et de négliger les causes profondes qui contribuent aux défis associés au PAGC. Dans un comportement hypocrite, ils blâment et accusent l'Iran sans tenir compte de leurs propres manquements à respecter leurs engagements.

Si une partie doit être blâmée pour la situation actuelle du plan d'action global commun, ce sont les américains pour leur retrait unilatéral et illégal du PAGC en 2018 et la réimposition de toutes ses sanctions contre l'Iran sur la base de sa politique de pression maximale notoire et pourtant ratée. De même, le E3 (la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni) et l'Union européenne (UE) doivent également être blâmé pour une non-exécution importante de leurs engagements légales explicites en vertu du PAGC et de la résolution 2231.

Depuis lors, les américains ont expressément et agressivement forcé tous les autres États membres de l'ONU à violer la résolution 2231 ou à encourir des sanctions sévères. Cette conduite brutale de la part d'un membre permanent du Conseil de sécurité est sans précédent.

Madame la présidente, Excellences,

En réponse à ces cas de non-conformité importante, l'Iran n'avait pas d'autre choix que de prendre certaines mesures correctives dans l'exercice de ses droits en vertu des paragraphes 26 et 36 du PAGC. L'objectif de l'Iran était simplement de rétablir l'équilibre délicat des engagements réciproques au titre de l'accord.

Aujourd'hui, certains membres du Conseil de sécurité ont tenté de changer la place de la victime et des coupables et ont évoqué les mesures correctives de l'Iran comme si le pays était la partie qui s'était retirée du PAGC. Prendre des mesures correctives est notre droit explicite, et contrairement aux actions illégales américaines qui ont des conséquences irréversibles, toutes nos mesures sont réversibles dès que les sanctions sont levées de manière vérifiable.

De plus, les pourparlers de Vienne sont bloqués non pas à cause de l'Iran, mais en raison du manque de volonté politique des américains et de l'E3, y compris pour leurs considérations politiques internes. Nous sommes toujours prêts à la reprise des négociations, si les autres parties sont prêtes à faire de même.

Madame la présidente

Alors que l'Iran est pleinement attaché à ses obligations au titre du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de son accord de garanties avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et qu'il poursuit sa coopération avec l'Agence, certaines allégations contre le programme nucléaire pacifique de l'Iran – manifestement fondées sur la désinformation diffusée par le régime occupant israélien – ne servent à rien d'autre que pression politique sur l'Iran, qui ne mènera nulle part.

Dans l'exercice de ses droits inaliénables et attaché à ses obligations internationales, l'Iran est pleinement déterminé à poursuivre vigoureusement ses activités nucléaires pacifiques, y compris l'enrichissement aux différents niveaux requis, sous la surveillance et la vérification de l'AIEA.

Le programme nucléaire de l'Iran a été continuellement examiné par le système de surveillance et de vérification "le plus robuste" de l'AIEA - comme l'a déclaré à plusieurs reprises le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Nos récentes mesures volontaires, dans le cadre de la mise en œuvre de la déclaration conjointe Iran-AIEA du 4 mars 2023, pour assurer la continuité des connaissances de l'Agence en installant des caméras de surveillance dans les ateliers de fabrication de centrifugeuses, témoignent en effet de notre coopération constructive continue avec l'AIEA ainsi que notre engagement envers la transparence.

En outre, l'AIEA a récemment trouvé que l'explication de l'Iran concernant l'uranium hautement enrichi de quelques particules contenant jusqu'à 83,7 % d'uranium 235 détectées à un endroit était satisfaisante, sans autre question à ce sujet. À ce titre, des progrès significatifs ont été accomplis sur les questions de garanties et, comme l'AIEA l'a récemment confirmé, les préoccupations concernant les particules d'uranium appauvri à un endroit ont été effectivement traitées et résolues.

Au lieu de répéter comme un perroquet la désinformation du régime occupant israélien sur le programme nucléaire pacifique de l'Iran par certains membres du Conseil de sécurité, on s'attend à ce qu'ils soient assez courageux aujourd'hui pour reconnaître dûment les résultats positifs de notre coopération constructive avec l'Agence.

Madame la Présidente,

Compte tenu de la portée et de la compétence de la résolution 2231 et du fait que la résolution n'a rien à voir avec des sujets régionaux, se référer à de telles questions est un abus de procédure. L'Iran est déterminé à préserver la paix et la sécurité régionales grâce à la participation active de tous les États de la région sur la base du plein respect du droit international, du respect mutuel, du bon voisinage, de la coopération et du dialogue.

Évidemment, soulever des questions régionales par certains membres du Conseil de sécurité ne vise qu'à détourner l'attention de leur propre accumulation militaire massive dans la région ainsi que du transfert effréné de leurs armements hautement sophistiqués à certains États de la région, et surtout à dissimuler les crimes et les pratiques déstabilisatrices du régime occupant israélien, dont les programmes clandestins d'armes de destruction massive et l'aventurisme militaire continuent de menacer la paix et la sécurité de notre région et au-delà.

Madame la Présidente,

Bien que nos observations complètes sur le rapport du secrétaire général sur la résolution 2231 figurent dans la lettre que je lui ai adressée le 3 juillet 2023, je voudrais faire quelques commentaires.

Le rapport a une fois de plus omis de s'attaquer aux causes profondes de la situation actuelle du PAGC, à savoir le retrait des américains de celui-ci. Il est également resté silencieux sur la violation matérielle systématique par les américains et l'E3/UE de leurs obligations légales explicites en vertu de la résolution 2231.

L'implication du Secrétariat dans la soi-disant enquête pour examiner la prétendue violation de la résolution va clairement au-delà du mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité par la résolution 2231 et la note S/2016/44 du président du Conseil de sécurité. Selon ces deux documents, le Secrétariat n'a aucun mandat sur la mise en œuvre de la résolution 2231 autre que de fournir un soutien administratif aux travaux du Conseil de sécurité. Par conséquent, ces activités ultra vires du Secrétariat sont inacceptables et doivent être évitées.

Je dois à nouveau réitérer notre position constante selon laquelle les programmes spatiaux et de missiles de l'Iran ne relèvent pas du champ ou de la compétence de la résolution 2231.

En conclusion, je voudrais réitérer que la pression, l'intimidation et la confrontation sont inefficaces. Si les américains et l'E3/UE font preuve d'une réelle volonté politique, relever les défis actuels du PAGC est à portée de main. Pour notre part, nous sommes prêts à reprendre les négociations dans les meilleurs délais pour rétablir le PAGC et assurer sa pleine mise en œuvre par tous.

Je vous remercie, Madame la Présidente.

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