Iran Press/Europe: Les candidats d'extrême droite Marine Le Pen et Éric Zemmour, journaliste, écrivain et homme politique d'extrême droite, ont critiqué à plusieurs reprises l'islam, présenté comme une menace sécuritaire et terroriste.
Leurs discours sont parfois repris par des responsables conservateurs de droite et des alliés du président modéré Emmanuel Macron, avec des avertissements au sujet de l'islamisme extrémiste, moins concevables chez les voisins de la France, comme la Grande-Bretagne et l'Allemagne, qui comptent toutes deux, d'importantes minorités musulmanes.
Zemmour qui rivalise avec Le Pen et la traditionnelle candidate de droite, Valérie Pécresse, pour un second tour contre Macron, a suscité une nouvelle indignation parmi les musulmans, en qualifiant la ville de Roubaix, dans le nord de la France, « d’Afghanistan à deux heures de Paris ». « Les musulmans français doivent vivre à la française et ne pas considérer la charia comme supérieure à la loi républicaine », a-t-il déclaré à France Inter.
« L'immigration est une question particulière en France, car elle évoque le souvenir difficile de la guerre d'Algérie », a déclaré à l'AFP le politologue Pascal Perino, « Cela a laissé de profondes cicatrices dans la conscience du peuple ».
Alors que le débat sur l'islam est toujours à l'ordre du jour en France, le pays a interdit en 2011, le voile intégral (burqas), et de nombreux musulmans qui représentent environ 9 % de la population française, sont choqués par le niveau de la rhétorique.
« Parfois, je me dis que personne ne peut pleinement comprendre à quel point c'est violent », a déclaré Fatma Bouvet, psychiatre tunisienne et auteur du livre « Une femme arabe en France », « Pour être honnête, parfois nous voulons juste nous rencontrer entre Arabes tellement la situation est mauvaise ».
Jean-Marie Le Pen, le père de Marine Le Pen, qui s'était présenté pour un second mandat à l'élection présidentielle de 2002, a choqué de nombreuses personnes en France, avec ses déclarations répétée contre l'islam et les immigrés.
Les musulmans français craignent qu'une telle rhétorique soit désormais monnaie courante dans les reportages et les médias sociaux.
Khadijeh, 38 ans, assistante sociale dans la région de la Loire, dans le centre de la France, a déclaré : « Je me sens très mal, aujourd'hui, la France crache sur mes grands-parents qui se sont battus pour sa liberté, sur mes parents qui sont venus construire ses routes, sur moi et sur toutes les lois de la démocratie et de l'intégration. Il y a quelques jours, ma fille de cinq ans, m'a dit qu'elle n'aimait pas être arabe ».
Pour elle qui travaille pour une association caritative, la nuit du 13 novembre 2015 a tout changé quand des hommes armés ont massacré 130 personnes, dans et autour de Paris, dans des restaurants et des salles de concert.
« Je me suis séparée de beaucoup de mes amis qui avaient commencé à associer l’islam au terrorisme », a-t-elle déclaré.
Selon Ahmed Boubaker, éminent sociologue, la barrière a été brisée et il y a maintenant un manque total de retenue de la part des personnalités politiques qui accusent les musulmans de ne pas vouloir s’intégrer.
« Cependant, je ne suis pas convaincu que la société française soit aussi raciste qu'on le dit », a-t-il déclaré, « Ce sont les politiciens qui cherchent le racisme dans l'opinion publique, sans savoir que ce sont eux qui créent le racisme ».
IQNA