Iran Press/Le Monde: La Cour a déclaré contraire à la Constitution la loi adoptée le 5 février par l'Assemblée nationale, repoussant l'élection de dix mois et maintenant le président Macky Sall à son poste jusqu'à la prise de fonctions de son successeur, ont dit les mêmes sources.
L'invalidation de ce report jeudi soir par le Conseil constitutionnel ouvre une nouvelle période de grande incertitude alors que de nouveaux appels à manifester ont été lancés pour vendredi et samedi.
M. Sall avait indiqué la semaine passée qu'il aviserait sur les conséquences qu'il tirerait d'une éventuelle invalidation du report par la juridiction.
Le Conseil a constaté "l'impossibilité d'organiser l'élection présidentielle à la date initialement prévue" du 25 février, compte tenu du retard pris par le processus, et "invite les autorités compétentes à la tenir dans les meilleurs délais".
Il a réaffirmé le principe d'"intangibilité" de la durée de cinq ans du mandat présidentiel.
Le mandat du président Macky Sall expire officiellement le 2 avril. Elu en 2012 et réélu en 2019, le chef de l'Etat a donné sa parole qu'il ne se représenterait pas pour un troisième mandat.
Pour justifier le report de l'élection, il avait invoqué le "différend entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d'une supposée affaire de corruption de juges".
À la demande de Karim Wade, dont la candidature a été invalidée, et qui a remis en cause l'intégrité de deux juges constitutionnels, une commission d'enquête parlementaire soutenue par le camp présidentiel a été créée sur les conditions de validation des candidatures.
Macky Sall a dit vouloir une élection incontestable, s'inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023.
Libération d'opposants
Les manifestations contre le report de la présidentielle, interdites par les autorités, ont été réprimées et tout rassemblement a été empêché par des forces de sécurité déployées massivement et tirant du gaz lacrymogène. Trois jeunes hommes ont été tués et des dizaines d'autres ont été arrêtés depuis le début de la mobilisation.
Depuis l'annonce du report, l'opposition a crié au "coup d'Etat constitutionnel" et les partenaires occidentaux du pays ont affiché leur préoccupation. Macky Sall a affirmé sa volonté "d'apaisement et de réconciliation" et a proposé un dialogue au reste de la classe politique.
Jeudi, plusieurs opposants ont été libérés de prison. "La plupart de mes clients dans les dossiers montés pour des considérations politiques sont libérés", a indiqué à l'AFP Me Cheikh Koureissy Bâ, assurant que cela concernait plusieurs dizaines de détenus.
Selon une liste diffusée par un collectif de familles de détenus et un autre avocat qui suit ces dossiers, plusieurs figures du mouvement de contestation contre Macky Sall, également soutiens de la figure de l'opposition Ousmane Sonko, ont été relachés.
Parmi eux, Aliou Sané, coordinateur du mouvement citoyen "Y'en a marre", Djamil Sané, maire d'une commune de Dakar et plusieurs membres du parti d'opposition dissous Pastef.
En revanche, ni Ousmane Sonko, ni son second à la tête du parti Pastef, Bassirou Diomaye Faye, l'un des favoris du scrutin présidentiel, n'ont été libérés.
Plusieurs centaines de membres de l'opposition, plus d'un millier selon certaines organisations de défense des droits humains, ont été arrêtés depuis 2021 et la lutte de pouvoir qui oppose M. Sonko, mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires, au chef de l'Etat.
L'opposition a accusé le camp présidentiel de s'arranger avec le calendrier électoral par crainte de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba. Elle suspecte une manœuvre pour que M. Sall reste au pouvoir, même si ce dernier le réfute.
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