Palestine-Israël :

Les 9 et 10 novembre, Macron a fait une volte-face en critiquant le meurtre des « bébés » par Israël à Gaza. Alors qu'à Tel Aviv, il avait demandé une coalition internationale contre le Hamas.

Iran Press/ Le Monde: Encore depuis vendredi, le chef d’Etat se voit obligé d’appeler le président israélien et quelques membres du cabinet extrémiste sioniste en vue d’atténuer la colère de Tel Aviv.  

Comment justifier ces comportements contradictoires du président français ?

Une note envoyée par les ambassadeurs de France dans les pays arabes contre la politique pro-sioniste de Macron qui a causé des tensions dans les capitales arabo-musulmanes de la région contre Paris.

Le fait a été dévoilé hier par Georges Malbrunot, le journaliste de Figaro. Mais Le Monde aussi a publié un article sur ce sujet.

Via une note commune, plusieurs ambassadeurs de France au Moyen-Orient regrettent la position de Paris dans le conflit israélo-palestinien.

« C’est un geste inédit dans l’histoire récente de la diplomatie française dans le monde arabe. Plusieurs ambassadeurs de France au Moyen-Orient et dans certains pays du Maghreb - une dizaine, selon nos informations - ont collectivement rédigé et signé une note, regrettant le virage pro-israélien pris par Emmanuel Macron. », écrit Le Figaro.

« Cette note commune a été adressée au Quai d’Orsay, avec des destinataires à l’Élysée, précise un diplomate à Paris, qui l’a lue. « Dans la note que l’on pourrait tout de même qualifier de note de dissidence, ces ambassadeurs affirment que la position [de la France] en faveur d’Israël au début de la crise est incomprise au Moyen-Orient et qu’elle est en rupture avec notre position traditionnellement équilibrée entre Israéliens et Palestiniens. » 

Selon ce diplomate, « elle établit une perte de crédibilité et d’influence de la France, et constate la mauvaise image de notre pays dans le monde arabe. Ensuite, sous une forme assez diplomatique, elle laisse entendre que tout cela est le résultat des positions prises par le président de la République ». Sollicités par Le Figaro, trois anciens diplomates chevronnés ont confirmé qu’il s’agissait « d’une démarche collective, sans précédent de la part d’ambassadeurs de France au Moyen-Orient », rappellent Denis Bauchard, Charles Henri d’Aragon et Yves Aubin de la Messuzière, ex-ambassadeurs au Maghreb et au Moyen-Orient. Les auteurs de la note se sont collectivement engagés à rester discrets. Un autre diplomate, en poste au Quai d’Orsay et proche des contestataires, explique qu’« ils ont pris leurs responsabilités, ils sont solidaires et dans leur esprit, il s’agit d’une première étape».

En fait, ces remarques ont été plusieurs fois abordées par les députés de l’Opposition politique.

« C’est la position historique de la diplomatie française. Elle est partagée par la plupart des États membres des Nations Unies, qui l’expriment régulièrement dans leurs votes lors d’Assemblées générales, par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), et par des spécialistes du conflit. », annonce le site de La France Insoumise.

Dans un article titré « La diplomatie française contrariée par les choix d’Emmanuel Macron sur le Proche-Orient », le quotidien Le Monde souligne : « Le positionnement adopté par le chef de l’Etat sur la guerre d’Israël [contre Gaza], parfois sans concertation avec le Quai d’Orsay, suscite un malaise dans les rangs du ministère. »

« Les crispations sont discrètes, jamais exprimées ouvertement, mais bien réelles. Le positionnement d’Emmanuel Macron […] suscite de l’agacement, voire de vives réserves, au sein de l’appareil diplomatique français. »

Le jeudi 9 novembre, l’Elysée a organisé une « conférence humanitaire sur Gaza », lors de laquelle Macron entendait afficher une forme d’équilibre dans ses positions. Mais les pays arabes n’ont pas participé sérieusement dans cette conférence organisée un peu à l’improviste. « La gestion du conflit, depuis le 7 octobre, suscite un vrai malaise parmi une partie des diplomates. Parmi les plus critiques figurent les personnels de la direction de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO), la plus en contact avec les pays de la région, et souvent surnommée la « rue arabe » au sein du Quai d’Orsay. Leur frustration est d’autant plus vive que le conflit alimente en interne le clivage traditionnel avec les tenants d’une ligne très atlantiste, et pro-israélienne. », continue l’article du Monde signé par Philippe Ricard, Chef-adjoint du Service International du journal français.

« On s’oppose à ce qui s’apparente à un alignement sur Israël, mais nous n’avons pas moyen de le faire savoir. Il est absurde de ne pas appeler à un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu n’est pas une trêve humanitaire, résume un diplomate. Ce qui se passe maintenant aura un impact énorme, pendant des dizaines d’années, sur l’image et la sécurité de la France. Les gagnants sont la Russie et la Turquie. Tout est lié au problème du cessez-le-feu : la France donne une caution morale et politique à Nétanyahou dans sa conduite de la guerre. », ajoute Le Monde.

Huffington Post revient à son tour sur l’histoire des relations Paris-Tel Aviv depuis  le début de la Vᵉ République : « Le groupe de gauche [LFI] se justifie en estimant porter « la position historique de la France depuis Charles de Gaulle. » Effectivement héritée de la politique du premier président de la Vᵉ République qui, avec la guerre des Six jours au cours de laquelle Israël, lance une offensive contre l’Égypte ; le président de la République décrète alors un embargo sur la vente d’armes à Israël. Sous Giscard, et en pleine crise pétrolière, le rapprochement de la France avec les pays arabes se poursuit. Le président français reconnaît l’OLP, l’Organisation de Libération de la Palestine, présidée par Yasser Arafat, et la France vote pour l’obtention de son statut d’observateur aux Nations unies. En 1980, Valéry Giscard d’Estaing va plus loin, et reconnaît le droit du peuple palestinien à l’auto-détermination. Sous Jacques Chirac, c’est le retour d’une diplomatie considérée comme pro-arabe. Dans les mémoires des Palestiniens, le chef d’État français est considéré comme un ami. »

Selon ce média, le président Macron montre une position différente par rapport à ses prédécesseurs, « Sous Emmanuel Macron, les relations avec Israël restent fluides, malgré des accrochages sur le dossier nucléaire iranien. Tout en continuant à apporter une aide financière conséquente aux territoires palestiniens, le président ne bouge pas d’un iota sur sa position exprimée en 2017 : la France ne reconnaîtra pas de manière unilatérale l’État de Palestine. »

Le site Internet du ministère français des Affaires étrangères explique la position officielle de Paris à propos de la crise en Palestine occupée : « La France plaide de longue date en faveur de la création d’un État palestinien. Le 22 novembre 1974, la France a voté en faveur de la reconnaissance de l’OLP au sein de l’ONU en tant que membre observateur, réaffirmant les droits inaliénables du peuple palestinien. Plus récemment, la France a voté en faveur de l’adhésion de l’Autorité palestinienne en 2011 à l’UNESCO et en faveur du statut d’État observateur non-membre aux Nations Unies en novembre 2012. »

En ce qui concerne la ville d’Al-Quds, la diplomatie française précise : « Dans l’attente d’un règlement négocié du conflit et en vertu de la légalité internationale, la France ne reconnaît aucune souveraineté sur Jérusalem. La France, comme le reste de la communauté internationale, considère par ailleurs que tant que le statut de Jérusalem n’aura pas été réglé par les négociations sur le statut final, les parties doivent s’abstenir de toute action susceptible de remettre en cause le statu quo. »

En guise de conclusion, nous pouvons souligner que le président Macron, suivant ses gestes amateurs de diplomate, contredit parfois les politiques de base de la diplomatie française et cela a déjà causé plusieurs crises pour le Quai d’Orsay.

 

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